SLOGANS SOVIÉTIQUES
Les slogans soviétiques sont apparus avec la révolution. Souvent écrits sur des affiches et encore plus souvent sur des banderoles sans images, ils servaient comme outils de propagande ou d'information très pratiques, réactifs et accessibles. Cette propagande ne se limitait pas à la politique mais concernait tous les domaines de la vie: les slogans parlaient des valeurs, liberté, justice sociale, patriotisme, d'éducation, de mode de vie sain, de sport etc.
Dans les premiers slogans, le Parti communiste s'adressait au peuple et appelait à la lutte contre l'oppression des classes dirigeantes, pour la liberté et l'égalité. L'importance des slogans-affiches fut très grande après la révolution et pendant la guerre civile 1918-1922, car il y avait très peu de journaux et autres moyens d'information; les images étaient parlantes et le texte concis et percutant. À cette époque il était écrit en bas des affiches: "Toute personne qui dissimule ou arrache cette affiche commet un acte contre-révolutionnaire". L'une des affiches les plus connues: "T'es-tu porté volontaire?"
La Seconde guerre mondiale a demandé un très grand effort à la population dans la lutte contre les envahisseurs allemands, et les slogans de cette époque parlaient des sentiments humains: colère, souffrance, courage… L'affiche phare de cette époque: "La Mère-Patrie appelle!"
Après la guerre, les sujets des slogans se sont diversifiés: Parti communiste, armée, travail, paix, quotidien… Un exemple: "Le parti, c'est l'intelligence, l'honneur et la conscience de notre époque!"
La vocation de ce site n'étant point de fournir des études sociologiques, alors concentrons-nous sur quelques slogans qui apparaissent comme insolites au lecteur d'aujourd'hui.
La religion est un venin –
protégez-en les gamins!
Nos enfants ne doivent pas avoir de diarrhées!
As-tu pris soin de tes seins?
Kolkhozien, sois sportif!
Je ne suis plus avec toi,
Mais avec Longuine:
Il m'a emmenée au club
Écouter Lénine!
Femme! Lave ta culotte tous les jours!
Grossir égale vieillir!
Il n'est pas plus bel oiseau que le saucisson de porc!
Ne parle pas trop près de ton téléphone:
Un bavard est une bonne trouvaille pour l'espion!
Virons les fainéants de leurs p'tits coins:
Qui ne travaille pas, ne mangera point!
Il n'y a pas dans le monde d'habits plus beaux,
Que bronze des muscles et fraîcheur de la peau!
(Vladimir Maïakovski)
Les femmes dans les kolkhozes sont une grande force
(Iossif Staline)
L'omniprésence des slogans a trouvé son reflet dans les œuvres littéraires humoristiques. Dans le roman d'Ilya Ilf et Yevguéni Petrov "Les douze chaises" le bureau d'état-civil où travaille Kissa Vorobianinov affiche un avertissement:
"Tu as fini ton affaire – alors pars".
Ostap Bender visite un hospice où il se fait passer pour un inspecteur de prévention des incendies, ce qui lui permet de visiter l'immeuble. Le gérant de l'hospice est un voleur invétéré, et plusieurs slogans se trouvent dans ce lieu:
"La fanfare est un premier pas vers la créativité collective"
"La nourriture est source de santé"
"Un œuf contient autant de graisse qu'une demi-livre de viande"
"En mastiquant la nourriture avec soin, tu aides la société"
"La viande est nuisible".
Embauché en tant que peintre sur un navire, Ostap peint une grande affiche avec le slogan
"Tous au tirage! Chaque travailleur doit avoir dans sa poche une obligation de l'emprunt national".
La suite, le roman "Le veau d'or", contient également son lot de slogans:
"Ne vous laissez pas distraire par des conversations pendant le repas. Cela nuit à la secrétion correcte des sucs gastriques"
"Les boissons aux fruits vous donnent
Plein d'hydrates de carbone!"
Le récit de Viktor Ardov "Sloganification" est entièrement consacré à ce phénomène de l'omniprésense des slogans.