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BLAGUES

sur Stierlitz


En 1973, une série télévisée de 12 épisodes "Dix-sept moments du printemps" ("Семнадцать мгновений весны"), réalisée par Tatiana Lioznova, est diffusée en devenant tout de suite culte. C'est une adaptation du livre de Ioulian Semionov (parfois incorrectement orthographié comme Julian Semenov) "Dix-sept moments du printemps"; il est traduit en français et sorti sous les titres "Dix-sept flashes sur le printemps" et "Complot Himmler, 17 instants du printemps" (en 2019, une nouvelle traduction est publiée sous un titre un peu racoleur "La taupe rouge"). L'histoire se déroule sur dix-sept jours du printemps 1945; l'agent secret soviétique, colonel Maksim Maksimovitch Issaïev, est infiltré dans le service de renseignement allemand (SD) sous le nom de Max Otto von Stierlitz (prononcer "chtirlits"). Alors que la défaite de l'Allemagne nazie apparaît comme inévitable, certains hauts dignitaires cherchent à mener des pourparlers avec les États-Unis dans le but de signer une paix séparée avec ces derniers - tentative à laquelle les Américains répondent favorablement. Stierlitz est chargé de trouver qui, parmi les dignitaires nazis, souhaite mener ces négociations, et de les faire échouer.

Ce n'est pas une série d'action avec coups de feu, explosions et voitures-gadgets – les personnages s'affrontent essentiellement sur le plan psychologique. Ce n'est pas non plus une série manichéenne: bien que la plupart de l'intrigue se déroule dans un environnement nazi, les personnages ne tombent pas dans la caricature et conservent tout au long des épisodes une dimension humaine. La série contient beaucoup d'images d'archives qui illustrent le côté historique. Les acteurs sont excellents, la bande son également. Et vu l'énorme succès de cette série, le détournement humoristique des personnages a été inévitable et même naturel…

Le Standartenführer SS Max Otto von Stierlitz, joué par Viatcheslav Tikhonov, n'a pas grand-chose à voir avec son personnage des blagues. Ce dernier n'est pas du tout un super-agent, bien au contraire. Les blagues sur Stierlitz sont assez particulières, et il en existe plusieurs sortes. Dans les unes, l'espion apparaît comme un type pas très futé, grillé en tant qu'espion (tout son entourage connaît sa véritable identité). Dans les autres, l'entourage n'est pas au courant, mais l'agent s'en sort grâce à la bêtise des autres protagonistes. L'autre variété des blagues sur Stierlitz est basée sur des expressions idiomatiques, jeux de mots et homonymes (ce qui rend plusieurs blagues difficiles, voire impossibles à traduire). Pourquoi Stierlitz est-il le seul à bénéficier de ce genre de blagues? Nul ne le sait; peut-être parce qu'il s'agit d'un agent secret abritant deux identités, ce qui inciterait à chercher aux mots un autre sens… Plusieurs blagues sont "télépathiques", où le lecteur "voit" les pensées des personnages, ou ces derniers communiquent par les pensées; cela vient de l'importance du narrateur dans la série, une voix hors champ qui livre des informations au spectateur. La connaissance de la série est nécessaire pour comprendre certaines blagues; heureusement, celle-ci, sous-titrée en français, est trouvable sur Youtube.


Personnages les plus présents dans les blagues

Standartenführer SS Max Otto von Stierlitz, alias colonel Maksim Maksimovitch Issaïev (Viatcheslav Tikhonov)

Max Otto von Stierlitz

Gruppenführer SS Heinrich Müller (Léonid Bronevoï)

Müller

Brigadeführer SS Walter Schellenberg (Oleg Tabakov)

Schellenberg

Secrétaire personnel du Führer, Reichsleiter Martin Bormann (Iouri Vizbor)

Bormann

Obergruppenführer SS Ernst Kaltenbrunner (Mikhaïl Jarkovski)

Kaltenbrunner

Professeur Werner Pleischner (Ievguéni Ievstigneïev)

Pleischner

Pasteur Fritz Schlag (Rostislav Pliatt)

Schlag

Opératrice radio Kathrin (Kät) Kinn, alias Iékatérina Kozlova (Iékatérina Gradova)

Kathrin Kinn

La voix du narrateur (Iéfim Kopélian, dont on ne voit jamais le visage dans la série)

Narrateur

On tapa délicatement à la porte de Müller. La porte s'ouvrit, un homme apparut sur le seuil et dit à voix basse:
– Les éléphants vont vers le nord.
– Les éléphants vont se faire voir! – s'énerva Müller. – Marre à la fin de répéter à tout le monde que le bureau de Stierlitz se trouve à l'étage de dessus!


Stierlitz fixait longuement un point. Puis un autre…
"C'est un deux-points," – comprit enfin Stierlitz.


– Vous sentez la fumée, – dit Stierlitz à Müller.
– Pas étonnant: vous m'enfumez en permanence…


Stierlitz acheta une bouteille de bière et lit: "bière pasteurisée".
"Pauvre pasteur Schlag!" – pensa Stierlitz en frissonnant.


Stierlitz aimait bien écouter la musique de chambre. Mais depuis sa chambre, on ne pouvait pas entendre la musique…


Stierlitz tirait au pif. Mais le pif se releva et se mit à tirer à son tour.


Stierlitz prit un tire-bouchon et essaya de le planter dans un bouchon. Le bouchon devant le kiosque à bière se dissipa aussitôt.


Stierlitz réfléchit. Ça lui a plu, et il réfléchit encore une fois.


Depuis 1942 Stierlitz travaillait sans répit, parce que Répit a été rappelé à Moscou.


– Dites-moi, Stierlitz, où est-ce que vous avez appris à conduire aussi bien? – demanda Müller.
– À la DOSAAF, – répondit Stierlitz qui se demanda: "N'en aurais-je pas dit un peu trop?"


La voiture de Stierlitz tombe en panne; il sort, lève le capot et se met a farfouiller dans le moteur.
– Vous vous êtes trahi, Stierlitz, – dit Müller qui passait par là. – Vous êtes un espion russe. Un Allemand ferait reparer sa voiture chez un garagiste.


En se promenant dans la rue, Stierlitz vit trois jeunes filles fortement maquillées.
"Des prostituées," – pensa Stierlitz.
"Le colonel Issaïev," – pensèrent les prostituées.


– Stierlitz, c'est fini! Nous savons tout! Vous êtes Juif! – dit Bormann.
– Pas du tout, je suis Russe! – s'indigna Stierlitz.


Hitler appelle Staline:
– Dites, est-ce que vos hommes ont pris des documents secrets dans mon coffre-fort?
Staline:
– Je vais demander.
Il passe un coup de fil à Stierlitz:
– Dites, colonel Issaïev, avez-vous pris des documents secrets dans le coffre-fort d'Hitler?
– Affirmatif, camarade Staline!
– Alors remettez-les en place, il s'inquiète.


De tous les métiers, Stierlitz préférait les tailleurs. Parce qu'ils l'aidaient à tenir sa langue dans la poche.


Et se réveillant le matin, Stierlitz se dit qu'il a peut-être été un peu imprudent à la réception d'hier. Il décida de tirer ça au clair et alla chez Müller:
– Gruppenführer, avez-vous déviné que j'étais un agent soviétique?
– Non, – dit Müller.
– Tant mieux, – dit Stierlitz qui partit travailler le cœur léger.


Stierlitz est arrivé à la conclusion. Mais Conclusion n'était pas chez elle.


Hitler est assis dans son bureau avec Mussolini. La porte s'ouvre, Stierlitz entre et commence à fouiller dans le coffre-fort, en jetant les documents par terre. Le duce s'étonne:
– Qui c'est ce gars?..
Hitler répond avec indifférence:
– Ah, lui… C'est l'espion russe Maksim Issaïev, chez nous il s'appelle Max Otto von Stierlitz.
Mussolini:
– Si vous connaissez son identité, pourquoi ne l'arrêtez-vous pas?
Hitler, désabusé:
– Inutile. Il s'en tire toujours.


- Stierlitz, connaissez-vous ce couteau? – demanda Müller.
- Oui.
- Alors vous admettez que vous êtes coupable!
- Non, mais vous me montrez ce couteau depuis deux semaines déjà…


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