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CITATIONS


Vassili KAPNIST
1757-1823


La Chicane
Prends, prends, autant que tu pourras,
L'art est facile à bien apprendre
Aurions-nous des mains et des bras
Si ce n'était afin de prendre?


Les lois nous sont sacrées,
Mais leurs exécuteurs ne sont pas trop pressés.



Nikolaï KARAMZINE
1766-1826


Histoire de l'État russe, 1816
L'histoire est encore plus rancunière que les hommes.



Ivan KRYLOV
1769-1844


Le chat et le cuisinier, Fables (Bossange, 1825)
Pour corriger les chats et la plupart des hommes,
Il ne faut pas toujours leur étaler
De sublimes discours et de beaux axiomes :
Agir dans certains cas vaut mieux que de parler.


Le cochon, Fables (Bossange, 1825)
Tel médit du château, des jardins et du maître,
Qui ne s'est promené que dans la basse-cour.


L'éléphant en faveur, trad. Parfait (Plon, 1867)
Par la jalousie excités
À noter les défauts des autres,
Nous leur cherchons des qualités
Pour attirer l'oeil sur les nôtres.


Les musiciens, trad. Parfait
Moi, je dirai: boire n'est rien,
Quand tu te charges d'une affaire,
Bois si tu veux, mais fais-la bien.


Le Parnasse, trad. Partait
Dans mainte place, on croit en vain
Qu'avec le rang vient le génie ;
On s'estime grand écrivain
Dès qu'on siège à l'académie.


L'âne et Jupiter, trad. Parfait
Du rang qu'importe la hauteur
Qui veut trop se grandir s'abaisse,
Quand on est petit par le coeur
On n'est pas grand par sa noblesse.


Le singe et le chasseur, trad. Partait
II faut toujours avec esprit
Savoir choisir ce qu'on imite.


L'aigle et les poules, trad. Partait (Plon, 1867)
Censeur indiscret et bavard,
Toi qui vas du génie épier la faiblesse,
Cherche plutôt sa force ; élève ton regard
Pour le suivre planant dans les hauteurs de l'art ;
Détourne les yeux, s'il s'abaisse!


Le lion et la panthère, trad. Parfait
Tout ami qu'un ennemi nous vante
N'est jamais l'ami qu'il nous faut.


Les passants et les chiens, trad. Parfait
Sur les pas du talent qui marche solitaire
La voix de l'envieux toujours se récriera:
Poursuis ta route, il aboiera,
Mais il finira par se taire.


La grenouille et Jupiter, trad. Parfait
L'on rencontre plus d'un sot
Qui, très prudent, à sa manière,
Pour faire en paix bouillir son pot
Mettrait en feu la terre entière.


L'éducation du lionceau, trad. Parfait
Sachons bien du pays les mours, les intérêts,
C'est là vrai savoir: le reste vient après!


Le sansonnet, trad. Parfait
Mieux vaut un sansonnet qui chante à peu près bien
Qu'un faux rossignol qui détonne.


Les fleurs, trad. Parfait
Aux censeurs qu'il sait affronter,
Parfois le vrai talent doit des grâces nouvelles ;
Si la pluie est à redouter,
Ce n'est qu'aux fleurs artificielles.


La souris et le rat, trad. Partait
Le poltron, prompt à se troubler,
Croit que l'ennemi qu'il redoute
Est celui qui fait tout trembler.


Les plongeurs, trad. Partait
Hélas! les trop fougueux apôtres,
Par l'abîme attirés y tombent tôt ou tard,
Et c'est encore heureux hasard
S'ils n'y font point tomber les autres.


Le paysan et la hache, trad. Partait
Pour bâtir, un couteau ne t'est d'aucun usage ;
La hache y suffira, si tu sais ton métier
Tout n'est pas propre à tout, et tant vaut l'ouvrier
Tant vaut l'outil, nous dit le sage.


Le lion et le loup, trad. Partait
Ce qui plaît dans un jouvenceau,
Dans un vieux barbon nous offense.


Le nuage, trad. Parfait
Bienfait mal placé n'est qu'un vol
Qu'on fait à l'indigent qui souffre.


La fourmi vaniteuse, trad. Partait
Tel, en faisant grand bruit de son ardeur guerrière,
Croit à la renommée être enfin parvenu,
Qui de tous est bien inconnu,
Quand il sort de sa fourmilière.


Le chat et le rossignol, trad. Partait
Je vous le dis tout bas: c'est en vain qu'on se flatte
De faire aux rossignols chanter de doux accords,
Quand le chat les tient sous la patte.


Le vieux balai, trad. Parfait
Commente l'ouvre d'un savant,
On est bien sûr que maint chapitre
Sera moins clair qu'auparavant.


L'écureuil en service, trad. Partait
Qui donne à temps donne deux fois.


Les rasoirs, trad. Partait
Je sais maint personnage,
Qui sans nous avouer le motif qui l'engage,
Craignant les gens d'esprit et leurs malins propos,
Plus volontiers choisit des sots,
Pour en former son entourage.


Les trois moujiks, trad. Parfait
On entend pérorer maint bavard ridicule
Sur tout fait étranger qui le touche assez peu
II voit très bien la Chine en feu,
Et ne voit pas son toit qui brûle.


Le coucou et le coq, trad. Partait (Plon. 1867)
Sans honte et sans pudeur quand un flatteur vous loue,
D'éloges mutuels il sait qu'il fait un troc:
À vanter le coucou lorsque le coq s'enroue,
C'est pour que le coucou vante à son tour le coq.



Alexandre GRIBOÏEDOV
1795-1829


Le Malheur d'avoir trop d'esprit, 1824, trad. Daniel (L'Arche, 1966)
À tous les simples d'esprit - le bonheur,
À ceux qui ont trop d'esprit - le malheur.


II arrivera certainement très loin,
Car des muets on a toujours besoin.


Les mauvaises langues sont plus redoutables que les pistolets.


Même dans le mensonge, mesure il faut garder.


Un homme intelligent ne peut pas ne pas être un fripon.


Ce que nous avons le plus à redouter, c'est la colère des maîtres et aussi leur affection.


Je serais heureux de servir; ce qui me répugne, c'est d'être asservi.



Alexandre POUCHKINE
1799-1837


La Tempête de neige, Récits de Belkine, 1830
Les proverbes sont particulièrement utiles dans les cas où, de nous-mêmes, nous ne trouvons pas grand-chose pour nous justifier.


Mozart et Salieri, 1830, trad. Meynieux, Ouvres complètes (Bonne, 1953)
Tous disent : « II n'y a pas de justice sur terre. »
Mais il n'est pas non plus de justice là-haut !


Boris Godounov, 1831
L'habitude est l'âme des États.


Eugène Onéguine, 1833
Heureux celui qui fut jeune en son jeune temps, heureux celui qui sut mûrir à temps !


Eugène Onéguine, 1833 trad. Mikhaïlov (Ghio, 1884)
Bouche qui ne commet d'erreurs grammaticales
Me semble être une bouche ignorant le sourire,
Tout rose qu'elle est, elle perd tout son prix.


Les amis précieux
Sont plus à redouter: préservez-m'en, grand Dieu!
C' est l'aide que j'attends de la grâce suprême,
Et quant aux ennemis, je m'en charge moi-même.


Hymne en l'honneur de la peste, trad. Aragon, Triolet
Tout par quoi la ruine nous vient
Pour notre coeur mortel détient
Des voluptés inexplicables:
Est-ce immortalité qui naît?


Lettre à sa femme, 30 novembre 1833 trad. Meynieux, Oeuvres complètes (Bonne, 1953)
Pourvu que l'on ait une auge, on trouvera les cochons.


Les invités se réunissent à la ville, Meynieux
La malveillance est un trait de notre caractère. Dans le peuple, il se traduit par la moquerie, dans la haute société par l'indifférence et la froideur.


Gogol, Passages choisis de ma correspondance avec mes amis
Les paroles d'un poète sont déjà ses actions.


Notes
La pédanterie a son bon côté. Elle est ridicule et repoussante seulement quand elle exprime mesquineries et niaiseries.


Anecdote sur Byron
L'âme de l'homme est le dépôt inaccessible de ses desseins : s'il les cache lui-même, alors ni l'oeil perfide de l'hostilité, ni le regard prévenant de l'amitié n'y pourront pénétrer.


Lettre
Un savant sans talent ressemble au pauvre mulet qui mit en pièces et dévora le Coran pour s'imprégner de l'esprit de Mahomet.


Article
Il suffit d'un lexique pour contenir tous les mots. Mais à la pensée, il faut l'infini.


Bagatelles
Un vieux traînasseur disait: moralement, je suis toujours physique, mais physiquement je suis devenu moral.



Nikolaï GOGOL
1809-1852


Le Journal d'un fou, trad Luneau, Ouvres complètes (Gallimard)
Pas de date. Ce jour-là était sans date.


Le Révizor, 1836, Luneau
La femme du sous-officier vous a menti en disant que je l'ai fait fouetter. Elle s'est fouettée elle-même.


Rendons au rire son authentique signification ! Enlevons-le à ceux qui en font une raillerie sacrilège, frivole et mondaine!


Il n'y a qu'une âme profondément bonne à pouvoir rire d'un bon rire clair.


Les Âmes mortes, 1842, Luneau
Qu'importent les trésors! Plutôt qu'argent entasser, mieux vaut amis posséder, a dit un sage.


Qui a une fois serré le poing ne saurait le rouvrir.


Un mot bien senti ne saurait s'abattre à coup de hache.



Ivan GONTCHAROV
1812-1891


Souvenirs
Nous donnons toujours aisément ce que l'on n'exige pas de nous et ce qu'on ne nous oblige nullement à donner.



Alexandre POGOSSKI
1816-1874


N'est pas un bon soldat celui qui ne songe pas à devenir général.



Ivan TOURGUENIEV
1818 - 1883


Ermolaï et la Meunière, Mongault
On a beau donner à manger au loup, toujours il regarde du côté de la forêt.


Le Hamlet du district de Chtchigry, Mongault
Celui à qui la nature n'a point donné de chair est assuré de ne pas engraisser.


Tchertopkhanov et Nédopiouskine, Mongault
La nature indifférente et peut-être ironique nous gratifie de penchants qui n'ont aucun rapport avec notre état ou nos moyens d'existence.


Un mois à la campagne, 1850, trad. Boche (Bossard, 1822)
La nature est beaucoup plus simple et plus grossière que vous ne le croyez. Les bouleaux ne fondent point et ne se trouvent pas mal, comme des dames nerveuses.



Alexandre SOUKHOVO-KOBYLINE
1817-1903


L'Affaire, 1862
Un honnête homme ne saute à la gorge d'un autre qu'en cas de nécessité urgente.


Lettre
Chacune de mes pièces est un procès que je dois gagner en rusant avec la censure et la presse.



Kozma PROUTKOV
(Alexis Tolstoï 1817-1875, Alexis Jemtchoujnikov 1821-1908 et Vladimir Jemtchoujnikov 1830-1884)


Pensées et aphorismes
Beaucoup d'hommes sont considérés comme malintentionnés seulement parce qu'ils ignorent les opinions qui plaisent à leurs supérieurs.


Le coq se lève tôt ; mais le voleur encore plus tôt.


L'égoïste est semblable à celui qui, entré dans un puits, n'en sortirait pas.


L'encouragement est aussi nécessaire à l'écrivain génial que la colophane à l'archet du virtuose.


L'huître, elle aussi, a des ennemis.


II est bien plus facile de mécontenter la plupart des gens que de les contenter.


Les ongles et les cheveux sont donnés aux hommes pour leur fournir une occupation constante.


Parfois il suffit d'injurier un homme pour ne pas être trompé par lui.


Si sur la cage d'un éléphant tu vois écrit "buffle", n'en crois pas tes yeux.



Anton TCHEKHOV
1860-1904


Platonov, 1880, trad. Triolet, Théâtre (Éditeurs français réunis, 1962)
Vis-à-vis des femmes, nous sommes devenus plus malins, mais devenir plus malin vis-à-vis des femmes, c'est se traîner dans la boue, et soi-même, et les femmes.


À sa naissance, l'homme choisit l'une des trois voies de la vie, et il n'y en a pas d'autres : tu vas à droite et les loups te mangent, tu vas à gauche et c'est toi qui manges les loups, tu vas tout droit et tu te manges toi-même.


Le caractère est une force de la nature, l'absence de caractère d'autant plus.


Oncle Vania
Une femme ne peut devenir l'amie d'un homme qu'après avoir été une camarade, puis une maîtresse.


L'état normal d'un homme est d'être un original.


Les vieux, c'est comme les enfants, ils voudraient qu'on les plaigne, mais qui en a pitié ?


C'est affreux de connaître le secret d'un autre et de ne pas pouvoir l'aider.


Ce ne sont ni les brigands ni les incendies qui détruisent le monde, mais la haine, l'hostilité, les petites intrigues...


Le talent, c'est la hardiesse, l'esprit libre, les idées larges.


Platonov
Le caractère est une force de la nature, l'absence de caractère d'autant plus.


Lettres
Vivre éternellement serait aussi difficile - me semble-t-il - que dormir toute la vie.


Les oeuvres d'art se divisent en deux catégories : celles qui me plaisent et celles qui ne me plaisent pas. Je ne connais aucun autre critère.


Nulle raison ne pourrait justifier le mensonge.


Nous savons tous ce qu'est une action malhonnête, mais ce qu'est l'honnêteté, personne ne le sait.


Quel que soit le sujet de la conversation, un vieux soldat parlera toujours de guerre.


Le public ? Il a toujours été comme un troupeau : en quête de bons bergers et de bons chiens, et allant toujours là où le menaient les bergers et les chiens.


Lettre, Correspondance, trad. Gauchet (Éditeurs français réunis, 1967) 14 janvier 1887
Un écrivain devrait avoir l'objectivité du chimiste [...] et savoir que même les tas de fumier jouent un rôle appréciable dans le paysage.


En littérature, les petits grades sont nécessaires qu'à l'armée ; c'est ce que dît la raison, et le coeur devrait en dire davantage.

Qui ne sait pas être serviteur ne pourrait être maître.


Quel que soit le sujet de la conversation, un vieux soldat parlera toujours de guerre.


Nous savons tous ce qu'est une action malhonnête, mais ce qu'est l'honnêteté, personne ne le sait libre ; et a l'esprit libre celui qui ne craint pas d'écrire des sottises.


La brièveté est soeur du talent.


Si l'on vous sert une tasse de café, ne vous efforcez pas d'y trouver de la bière.


Il ne faut pas montrer sur la scène un fusil personne n'a l'intention de s'en servir.


Les ouvres d'art se divisent en deux catégories celles qui me plaisent et celles qui ne me plaisent pas. Je ne connais aucun autre critère.


Privées de la société des hommes, les femmes perdent leur éclat, et, sans elles, les hommes s'abêtissent.


Quand nous avons soif, il nous semble que nous pourrions boire tout un océan: c'est la foi ; et quand nous nous mettons à boire, nous buvons un verre ou deux : c'est la science.


Rien n'unit aussi fort que la haine - ni l'amour, ni l'amitié, ni l'admiration.


Si tu veux avoir peu de temps, ne fais rien du tout.


L'université développe tous les dons de l'homme, entre autres la bêtise.


Un pauvre plutôt qu'un riche vous donnera l'aumône.


Un chien affamé n'a foi qu'en la viande.


Un homme bon a honte même devant un chien.


Mieux vaut périr à cause d'un imbécile qu'être flatté par lui.


Ceux qui n'ont pas l'esprit libre ont des pensées toujours confuses.


L'université développe tous les dons de l'homme, entre autres la bêtise.


Les paysans sont sans cesse au travail et c'est un mot qu'ils n'utilisent jamais.



Mikhaïl ZOCHTCHENKO
1895-1958


Histoire d'une vie
Le vol est l'envers du capitalisme.



Ilya ILF
1897-1940


Calepin
Il n'y a pas une seule offense qui n'ait été associé au nom de l'homme.


La crainte de la flagornerie a atteint un tel degré que les subordonnés sont devenus grossiers envers leurs supérieurs.


Pendant la révolution, certains n'eurent pas le temps de grandir et restèrent collégiens.


Dis-moi ce que tu lis, je te dirai à qui tu as volé ce livre.


L'appétit vient en faisant la queue.



Alexandre et Lev CHARGORODSKI

Le persifleur
Pour vivre longtemps, il faut souvent mourir de rire.