HUMOUR
Anonyme
Journal d'un soldat étasunien
1er jour
Aujourd'hui, nous partons pour le Golfe Persique libérer le peuple irakien opprimé par un tyran. En Irak. C'est un petit pays (plus petit que mon état natal) au sud de l'Afrique (parce qu'il y a plein de sable et il fait chaud). J'ai promis à Mary de ramener la momie du premier pharaon irakien et de me faire faire une photo sur fond des célèbres pyramides.
6ème jour
Nous sommes basés dans un petit pays au sud de l'Irak. Le pays est tellement petit qu'on fait la compétition avec les Britanniques - à qui pourra cracher jusqu'au golfe à travers de tout le pays. A propos, ces Britanniques parlent très bien américain.
7ème jour
Aujourd'hui, le général nous a fait un discours. Il a dit que l'Amérique est fière de nous et que nous, en tant que peuple le plus libre, apportons la démocratie aux barbares. Il fait chaud ici, des tempêtes de sable tout le temps. On s'en sort uniquement grâce aux climatiseurs. Les journalistes sont arrivés. Nous avons posé avec les armes et les drapeaux américains, et montré comment nous savons mettre les masques à gaz.
8ème jour
Notre commandant a dit qu'on doit préparer des sacs de cadeaux pour la population irakienne enthousiaste. On les remplit d'hamburgers et de coca. Notre médecin militaire dit qu'on doit donner la nourriture aux Irakiens avec précaution. Il faut protéger les mains des morsures éventuelles. Le contact de leur salive avec le sang peut provoquer la rage. Ne pas donner trop à manger, pour éviter les douleurs au ventre dans la population affamée.
Les premiers bombardiers sont passés au-dessus de nous en se dirigeant vers Bagdad. Nous chantons fièrement l'hymne de notre patrie libre.
9ème jour
Nous avançons vers le front. J'ai appris que le tyran s'appellait Saddam Hussein. Au fait, l'Irak se trouve au nord de l'Afrique et non au sud. C'est notre caporal qui me l'a dit, et il sait tout.
10ème jour
21.30
Nous entrons en Irak. Au loin, on entend des coups de feu. Peut-être la population irakienne salue-t-elle nos unités d'avant-garde. Les femmes et les enfants avec les fleurs ne sont pas encore en vue. Il faut croire qu'ils n'ont pas été avertis pour éviter une bousculade au bord de la route.
21.50
On a vu le premier aborigène. Bizarre, il ne s'approche pas pour nous remercier d'être libéré du dictateur. Un peuple sauvage, des enfants du désert. Au loin, on entend des explosions. Le chef nous dit de mettre les masques à gaz - au cas où.
22.30
Le peuple irakien obtus et opprimé s'est mis à tirer sur nos vaillantes troupes. On est tous choqués. En chemin, nous avons pris difficilement un spécimen sauvage (supposé mâle). L'avons nourri de force d'hamburgers. Près des cinq masures, nous avons rattrapé notre avant-garde. Ils disent que des toxicos camés au hasch tirent sur notre réfrigérateur plein de coca-cola. Un village est en vue. Le caporal dit que c'est Oum-Qasr, et il sait tout. On a décidé de l'attaquer demain, après le petit-déjeuner copieux. En attendant, notre opérateur radio a envoyé un e-mail au QG pour rapporter la prise de Oum-Qasr de demain.
11ème jour
9.00
On nous a tiré dessus pendant la tentative de pénétrer dans Oum-Qasr. Avons creusé les tranchées. Attendons les sacs de sable pour entourer nos positions. L'unité N°123 spécialisée en remplissage de sacs a promis d'apporter bientôt sa production . On a donné des claques à l'opérateur radio pour sa précipitation avec le message. Toutes les agences de presse l'ont déjà publié. Faut prendre le bled au plus vite.
12.00
Malgré nos cris "American food!", la démonstration du gros John tout content et des canettes de coca-cola, ils continuent à nous tirer dessus. Pourtant on ne ressemble pas aux troupes du dictateur Hussein. Étions obligés de hisser le drapeau sur l'une des masures. Le journaliste attaché à notre unité a pris en photo Phil le kiffeur, accroché au drapeau. (Par la suite, cette photo a fait le tour de tous les medias du monde - NDR). Ensuite Phil est tombé par terre en exhalant un petit nuage de fumée de hasch. C'était notre première perte militaire. Nous n'avançons plus dans l'attente des avions. Le chef à ordonné d'enlever le drapeau, pour avoir de quoi accrocher dans d'autres villes.
18.00
Les Irakiens continuent à tirer. C'est dangereux par ici. Le gros John a été blessé au bide au cours de l'une de ses actions de propagande (dévorage de hot dog chaud en première ligne sous les yeux des Irakiens). Pour l'instant, on a demandé l'artillerie. Le chef a téléphoné au QG et a dit qu'on tire par ici. Le QG a promis d'envoyer des Britanniques.
12ème jour
11.00
On va sur Bagdad! Hier un Anglais dynamique est arrivé vers Oum-Qasr. Les affaires se sont mis à tourner et les hélicoptères à voler. Dans la confusion notre four à micro-ondes mobile où on chauffait le fast-food a disparu. Les Britanniques ont transféré tellement d'armée que, comme disait le gros John blessé qui attendait le transport sanitaire, les hélicoptères se percutaient dans les airs et tombaient par terre en vrac. Je crois qu'il ment.
14.00
Marche rapide vers Bagdad. Ne rencontrons aucune résistance. Notre caporal a vérifié sur le globe terrestre et dit qu'à cette vitesse nous arriverons à Bagdad dans trois jours. Il sait ce qu'il dit. La guerre est bientôt terminée, notre opérateur radio a envoyé un e-mail au QG. Je suis curieux de savoir comment va Oum-Qasr?..
15.00
Un village devant nous. Le caporal dit que c'est Nassiriyah. L'opérateur radio a envoyé par e-mail au QG que Nassiriyah est prise. On a voulu lui taper sur les mains mais on n'a pas eu le temps. Notre opérateur est con mais c'est le seul qui sache écrire. Donald est parti à l'hôpital, il s'est coincé les parties dans la fermeture éclair aux toilettes.
22.00
Tiens, ici aussi on tire. On a demandé au QG encore des Britanniques. Réponse: y en a plus. Ils ont promis à écrire à Tony Blair pour qu'il en envoie d'autres. Avons creusé des tranchées au bord de la route. Jack l'imbécile est allé au pipi et a marché sur une mine. Ses matières fécales se sont dispersées sur nos positions. On n'a pas réussi à habituer ce crétin à utiliser les toilettes chimiques. Le caporal a fait boire le journaliste, maintenant il est soûl en permanence. Il écrit sur les succès grandioses, les foules d'Irakiens prisonniers. Nous fait poser avec les fusils. Maintenant il est couché dans un caniveau à ronfler.
13ème jour
06.00
Alerte très tôt le matin. Les Irakiens excités par le ronflement du journaliste ont attaqué nos positions. La moitié des chars ont soudé leurs trappes, dans l'autre moitié on a volé les chenilles. Quelqu'un a noué les lacets du caporal par un noeud de pêcheur.
12.00
On transvase les chenilles de la première moitié de chars sur la deuxième. L'artillerie arrose Nassiriyah. Dans l'hôpital de campagne, le caporal a subi une opération compliquée: le découpage des lacets au laser.
15.00
Avons reçu l'ordre d'aller de l'avant. On avance.
19.00
Après les premiers combats nous nous sommes fixés aux abords de la ville. Échangeons des coups de feu avec l'ennemi tapi dans la rue voisine. Mon coca-cola tire à sa fin. Je ne sais pas combien de temps je tiendrais encore. L'explosion a arraché tous les boutons sur la vareuse de Bob, mon ami noir, mais il ne veut pas abandonner ses amis et aller à l'hôpital. C'est un héros! Je suis fier de lui!
21.00
L'ennemi de la rue voisine s'est avéré des marin's de l'unité voisine. On s'est engueulés mutuellement. Encore heureux qu'on n'a pas eu de pertes sérieuses. On a perdu Bob à qui la grenade a arraché sa boucle de ceinture. On a dû l'envoyer à l'hôpital de force. Dans l'unité voisine ils ont dû hospitaliser un lieutenant avec un traumatisme crânien. Notre caporal a la main lourde. On le respecte.
23.00
Retour à la base. Pendant notre absence l'aviation britannique a touché nos toilettes chimiques. Le QG dit qu'ils les ont confondu avec des stocks d'armes chimiques. A cause de l'odeur, peut-être. Nos gars de la batterie anti-aérienne ont abattu un avion de chasse et achevé les pilotes. L'opérateur radio a envoyé un e-mail dans l'unité spéciale de maintenance N° 321 pour qu'on nous remplace les toilettes. En attendant, on se retient.
14ème jour
12.00
Les nouvelles sont horribles. L'unité spéciale de maintenance N° 321 a été attaquée par les Irakiens quand elle était en route vers nos positions. Les Irakiens ont pris beaucoup de toilettes chimiques et quelques prisonniers. Nos soldats sont complètement démoralisés. Le coca-cola cherche la sortie. Le caporal souffre plus que les autres mais il se retient. C'est un gars courageux.
18.00
Vers le soir, notre armée a subi de grosses pertes. J'ai été hospitalisé avec une rupture de la vessie. Les autres ne vont pas mieux. Nous sommes transportés par l'hélico sanitaire. Le caporal sans connaissance est couché à côté de moi. Le journaliste aussi a été envoyé à l'arrière. On lui a trouvé une maladie locale très grave appelée "gueule de bois". Nous espérons que notre vaillante armée fera tomber le tyran irakien Saddam Hussein. Dommage quand même: je n'ai pas réussi à voir les célèbres pyramides irakiennes...