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Vassili Bouslaïev

Vassili Bouslaïev

Il y avait à Novgorod Bouslaï,
Bouslaï vécut nonante ans,
Bouslaï vécut en tout mille ans ;
Ayant vécu, Bouslaï ne vieillit pas,
Il ne vieillit pas et trépassa,
Avec Novgorod, Bouslaï ne se disputa pas,
Avec Moscou de pierre,
Il n'eut pas de contestation.
Il laissa un enfant chéri,
Le jeune Vassili, fils de Bouslaï,
Et Vassienka se mit à courir les rues,
À faire des niches avec les gamins :
Il tire le bras à l'un, voilà le bras au loin,
Il tire la jambe à l'autre, voilà la jambe au loin.
On se mit à aller trouver la mère de Vassili,
à l'aller trouver, à se plaindre :
"Eh! Toi, honorable veuve Amelfa Timoféevna !
Arrête donc ton enfant chéri ;
Si tu n'arrêtes pas Vassili Bouslaïev,
Nous le jetterons dans la rivière Volkhov."
Pour dissiper son ennui, son chagrin,
Vassili distilla le vin d'herbes,
Il fit cuire le doux hydromel,
Vassiluchka fit un festin de gala
Pour beaucoup de princes, de boïars,
Et pour les moujiks de Novgorod.
Et Vassienka dit ces paroles :
"Celui qui boira une tasse de vin d'herbes,
Une tasse de la mesure d'un seau et demi,
Une tasse du poids d'un poude et demi,
Et celui qui supportera l'orme rouge,
Qu’il vienne au festin de gala."
Le petit Potanuchka va au festin de gala,
Le petit Potanuchka le brave,
Boiteux d'une jambe, regard en dessous ;
Il prend la tasse d'une main,
Il boit la tasse d'une seule lampée.
Vassiluchka Bouslaïévitch le frappe
De son orme rouge sur sa tête misérable :
Potanuchka reste debout, ne bouge pas,
Ses boucles jaunes ne s'agitent pas,
Il fit ses salutations et alla au festin.
Va aussi au festin Kostia de Novotorjok.
Alors Vassili fils de Bouslaï
Dressa des tables de chêne,
Mit les mets doux comme sucre,
Mit les boissons de miel,
Les hydromels étaient tous incorruptibles,
Il roule des tonneaux
Dans la cour aux cottes de mailles :
"Mangez donc chez moi jusqu'à satiété,
Et buvez donc jusqu'à l'ivresse,
Seulement ne vous disputez pas entre vous."
Alors les moujiks de Novgorod mangèrent à satiété,
Burent jusqu'à l'ivresse.
Le soleil rouge est au soir,
Le festin de gala se passe dans la joie,
Et tous étaient ivres et joyeux,
Et ils se disputèrent entre eux.
Alors Vassili prend son orme rouge,
Et se mit dans la cour à faire le moulinet,
Et se mit à en caresser les moujiks,
Et les moujiks quittèrent
Le festin à grandes enjambées :
"Le diable soit de toi, Vassili, avec ton festin !
On a mangé au festin,
On a bu et on en a attrapé pour la fin de ses jours."
Alors les moujiks de Novgorod
Furent eux aussi leur festin de gala
Pour beaucoup de princes, de boïars,
Pour les puissants bogatyrs russes...
Le rouge soleil est au soir,
Le festin de gala se passe dans la joie,
Et tous étaient ivres et joyeux,
Et tous au festin se vantaient.
Alors Vassili fils de Bouslaï,
Par bêtise, par une idée d'ivrogne,
Vassili fit le grand pari d'aller
Dès le matin au champ du Volkhov,
Lui, Vassili, avec sa droujina,
Se battre contre tous les moujiks, avec Novgorod.
Quand Vassili sortit du festin de gala,
Il tenait la tête penchée sur le côté droit,
Fichait ses yeux sur la terre humide,
Il va au palais princier, et sa mère lui dit :
"Eh! Toi, mon enfant chéri,
Jeune Vassili, fils de Bouslaï !
Pourquoi t'en vas-tu chagrin et triste ?
N'as-tu pas eu une place selon ton nom,
Ou bien ne t'a-t-on pas passé la tasse,
Ou un moujik ivrogne s'est-il ri de toi?"
Vassili ne peut ni répondre à sa mère,
Ni la saluer, mais sa brave droujina dit :
"Vassili a eu une place selon son nom,
On n'a pas oublié de passer la tasse à Vassili,
Un moujik ivrogne ne l'a pas injurié ;
Mais Vassili a fait le grand pari avec
Les moujiks de Novgorod d'aller
Dès le matin au champ du Volkhov,
Lui, Vassili, avec sa droujina,
Se battre contre tous les moujiks, avec Novgorod."
Alors sa mère, l'honorable veuve Amelfa Timoféevna,
Passa ses souliers sur ses pieds nus,
Jeta sur une épaule une pelisse de zibeline,
Et prit ses clefs d'or
Et alla dans ses caves profondes,
Se chargea d'un plat d'or rouge,
D'un second plat d'argent pur,
Et d'un troisième plat de perles qui roulent ;
Et alla trouver les moujiks au festin de gala.
Elle fait le signe de croix comme on le prescrit,
Fait les prosternations comme on les enseigne :
"Salut, Mikoula Sélianinovitch !
Salut, Kozma Rodionovitch !"
Et elle mit les cadeaux sur la table de chêne :
"Recevez donc des cadeaux de la part de Vassili
Et pardonnez à Vassili pour sa faute."
Les moujiks de Novgorod disent :
«Nous n'acceptons pas de cadeaux de Vassili,
Et nous ne pardonnons pas à Vassili pour sa faute.
Et que le Seigneur nous accorde de nous saisir de Vassili,
De monter les bons chevaux de Vassili,
De conserver les vêtements de couleur de Vassili,
Et d'emporter le trésor d'or de Vassili."
Alors l'honorable veuve Amelfa Timoféevna
S'en revint du festin de gala,
Et elle frappa avec sa jambe droite
Le chambranle d'érable du portail,
Et le chambranle vola sur la clôture d'arrière
Et la clôture d'arrière fut mise en miettes.
Vassili au matin dort, il se dorlote,
Il ne sait pas le malheur qui est sur lui...
Elle allait à la source chercher de l'eau,
Et elle dit ces paroles :
"Eh! Vassili, fils de Bouslaï!
Bien que tu dormes, que tu te dorlotes,
Tu ne sais pas le malheur qui est sur toi ;
Ta brave droujina se bat
Sur le pont du Volkhov :
Les têtes misérables sont brisées
Et toutes sont bandées de mouchoirs blancs."
Alors Vassili fils de Bouslaï
Bien vite se réveilla de son profond sommeil,
Il chaussa des souliers sur ses pieds nus,
Jeta une pelisse de zibeline sur une épaule ;
Et Vassili prit son orme rouge,
Et Vassili bondit dans le champ du Volkhov.
Et le moine Andronichtché rencontre Vassili
Sur le pont du Volkhov,
Et il porte sur la tête la grande cloche de Sainte-Sophie,
Et Vassili fils de Bouslaï dit :
«Eh ! toi, moine Andronichtché,
Et encore mon père de baptême !
Je ne t'ai pas donné d'œuf pour le jour de Pâques,
Je t'en donnerai un pour la Saint-Pierre.
Et il frappa avec son orme rouge
Sur la grande cloche de Sainte-Sophie,
Et il tua le moine Andronichtché, son père de baptême.
Et il courut au champ du Volkhov,
Et se mit à manier son orme :
Partout où il frappe, des rues s'abattent,
Il continue à frapper, il fait des ruelles,
Et il massacre tous les moujiks de Novgorod.
Et les moujiks allèrent trouver sa mère :
"Eh ! toi, mère de Vassili,
Honorable veuve Amelfa Timoféevna !
Retiens ton enfant chéri,
Laisse des moujiks au moins pour la graine..."
Vassili fils de Bouslaï dit :
"Eh! Ma brave droujina!
J'ai fait la grande promesse
Que nous irions ensemble à Jérusalem,
Prier le saint sanctuaire,
Et baiser le tombeau du Seigneur,
Et nous baigner dans la rivière Jordan."
Et il s'en alla à Jérusalem
Avec toute sa brave droujina.
Et il était en face de la montagne Sion notre mère,
Et Vassili fils de Bouslaï dit :
"Eh! Toi, ma brave droujina !
Allons à la montagne Sion notre mère."
Et ils allèrent à la montagne Sion notre mère,
Et Vassili trouva un os vide,
Et il se mit à pousser du pied l'os
Sur la montagne Sion notre mère.
Et l'os vide lui annonce d'une voix humaine :
"Ne me pousse pas du pied,
Vassili fils de Bouslaï !
Car tu reposeras avec moi sur la montagne Sion
Dans les siècles des siècles."
Vassili cracha et passa outre
Et lui-même dit ces paroles :
"Cet os a dormi, il a eu un rêve !"
Quand ils furent à Jérusalem,
Ils prièrent le saint sanctuaire,
Ils baisèrent le tombeau du Seigneur.
Se baignèrent dans la rivière Jordan.
Vassili fils de Bouslaï baigne le corps nu,
Et la fille tchernavouchka lui dit :
"Eh! Toi, Vassili fils de Bouslaï,
Pourquoi te baignes-tu le corps nu ?
Celui qui chez nous se baigne le corps nu,
Il ne parvient pas chez nous vivant."
Ils arrivèrent en face de la montagne Sion notre mère,
Et Vassili fils de Bouslaï dit :
"Eh! Toi, ma brave droujina !
Allons sur la montagne Sion notre mère,
Nous y verrons des os vides."
Mais là ils ne trouvèrent pas d'os vides,
à leur place est une pierre blanche qui luit.
Et Vassili fils de Bouslaï dit :
"Eh! Toi, ma brave droujina !
Nous sauterons par-dessus la pierre blanche qui luit."
Et ils se mirent à sauter par-dessus la pierre blanche qui luit.
La droujina saute d'abord,
Mais lui, Vassili fils de Bouslaï,
Sauta après par-dessus la pierre blanche qui luit,
Et il se brisa sa tête misérable,
Et resta là gisant dans les siècles des siècles.


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